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« Un marin en plongée dans des temps infinis, à la découverte des secrets perdus.
Spécialiste de la perspective, mathématicien et navigateur, venu à la peinture, non par un don de la nature,
mais en visionnaire voulant transcrire des révélations apparues à lui seul.
Pas de recherches prisonnières sur telle technique de la peinture. L'idée est là.
Elle se réalise par une exécution minutieuse sans reprises, une fidèle transcription de sa pensée.
Il sait ce qu'il a vu et ce qu'il pressent au-delà de l'imagination, la perspective des lointains
et, au-delà des lointains - le ciel, la mer, la nuit - les mondes disparus, engloutis, retrouvés pour un temps, puis reperdus, oubliés…
Dès ses premiers tableaux, sont apparues comme des mirages des pergolas sur de rivages,
peut-être symboles de paquebots en croisière vers des civilisations inconnues.
Par la suite et plus tard, le même sujet est revenu, mais complété par des personnages précis,
venus d'ailleurs et attendant dans le silence un départ qui semble ne pas venir.
Puis, il fait des incursions dans des périodes ayant précédé l'antiquité et même la préhistoire.
Là, ce sont des cortèges qui passent comme des ombres, dans des résonances de sons métalliques, qui savent qu'ils ne resteront pas,
qu'ils ne font que passer, et que d'autres cortèges, mais différents, vont les remplacer.
Puis des rois anciens et des femmes dévêtues regardant les étoiles, des suaires disant la messe.
Et plus près de nous, des Amazones, mitraillettes braquées vers l'espace.
Il y a aussi, chez Bassot, un géologue, un paléontologue (fossilisation de la bataille de Gergovie), et un épigraphiste.
Car il y a dans son œuvre un souffle glozélien et un regard vers la ville d'Ys. Curieusement ses voyages en mer se situent dans les parages.
Il y aurait à rajouter aux trois activités complémentaires de sa peinture, celle d'alchimiste.
Bassot est en avance parmi les démarches authentiques qui transgressent les caprices du temps. »

Alain Brayer

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A propos d’un curriculum vitae Mon père et moi en 1842 (Cinquième Daguerréotype)

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164 ans plus tard

A l'image de l'Histoire enseignée, corrompue,
toujours écrite par les vainqueurs
pour justifier notre présent comme étant le meilleur,
la nôtre - petite histoire fractale - n'est-elle pas, elle aussi,
une falsification inconsciente de notre «déjà vécu»
qui rend acceptable notre réalité d'aujourd'hui?
Ne réinventons-nous pas notre passé,
pour nous décharger de responsabilités contrariantes
qui flétriraient notre quotidien d'aujourd'hui
et compromettraient les projets de demain?
Ne fabriquons-nous pas de toutes pièces des évènements
pour rendre acceptable l'ordinaire de maintenant?
Notre imaginaire ne nous arrange-t-il pas un passé convenable
et la mémoire étant aussi la faculté d'oublier,
les souvenirs ne s'adaptent-ils pas, par habitude,
aux traces factices ainsi engendrées et rendues recevables?
Alors plutôt que d'attendre,
par évènements aléatoires interposés, une écriture improbable,
contestable ou frauduleuse
des épisodes de notre vie rédigée par un inconscient vagabond,
ne serions nous pas tentés d'écrire le passé qui nous satisfait
et pourquoi pas
les chroniques contradictoires de vies différentes
qui aboutissent au même présent?
Ainsi cette image surgie
d'un entassement de photographies perdues dans une boîte d'outre temps
s'est-elle imposée d'évidence
comme souvenirs d'une époque bien plus lointaine que la raison l'imposait.
Sa texture racornie, sa bichromie fatiguée,
les rayures et l'usure, les arômes du vieillissement,
l'oubli de l'évènement pétrifié par les sentiments
la rangeaient au creux d'une chronologie bien en deçà des dates inscrites sur le verso.
L'émotion faisant remonter des remugles de confidences enfouis
et de révélations englouties,
j'y voyais alors une trace laissée par un autre siècle:
ce jour là un XIXème romantique me convenait
et engendrait les réflexions précédentes.

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Ma mère et moi en 1988 (Photo argentique ordinaire)

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A propos du temps

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Souvenirs d'enfance (évolution) Photographies, montage 56 x 73 cm

Souvenirs d'enfance (prémonition) Photographies, montage 56 x 73 cm

J’ai encore le souvenir, un certain jour de mai, de l'ouverture d'un tiroir de la commode de la salle à manger du premier étage. J'étais seul. L'intérieur du tiroir était tapissé d'un autre temps Son ouverture provoqua des effluves d'une autre époque car, bien classée par ma mère, une série de vieilles photos de groupes du temps de ma scolarité attendaient depuis de nombreuses années, dans un noir intemporel, qu'un œil les contemple avec nostalgie. Des bouffées de passé embellies par l'écoulement du temps me pénétrèrent au plus profond des os tant et si bien que je me retrouvais bientôt plongé dans un déjà vécu trop puissant pour qu’il ne devienne pas, l'espace d'un instant, un authentique présent.
Mais de ce présent ainsi reconstitué, j'avais aussi la connaissance de l'avenir, puisque déjà vécu dans un autre référentiel. Ce passé lointain, habité comme un présent où j'avais le don de voyance, me remplit d'une tristesse infinie car de ceux qui étaient là sur ces photos, je connaissais maintenant l’avenir. Privilège étonnant de celui qui sait! Alors j'ai arrangé et monté ces photos et, à l'aide d'un feutre, tracé les destins incontournables des amis qui avaient partagé ou partageaient encore ma vie. Cependant une certaine angoisse apparut au moment où je rencontrai l'époque où je me trouvais. En effet, après cette date,
je ne pouvais plus rien savoir de l’avenir des uns et des autres et la peur que ma main guidée par un ange pervers, ne restitue la réalité des périodes à venir, ou pire, qu'une machination ne transforme sous mon geste le destin de ceux dont j'avais l'image sous mes yeux, m'imposa une tricherie pour sauver mon âme. Alors je recommençai tout, mais cette fois, en me trompant volontairement sur les destins que je connaissais déjà, en espérant qu’il en soit de même pour ceux que j’ignorais.

« Les Alchimies ordinaires » ou « Notes de bas de pages »

Pour Platon comme pour Aristote et plus tard pour Newton comme pour tant d'autres, la logique classique définit l'événement comme une fonction du temps. Ne peut-on imaginer les choses autrement ? A la façon d'un Stéphane Lupasco, par exemple, pour qui le temps dépend de l'élément logique. L'événement alors, ne serait plus fonction du temps mais le temps serait fonction de l'événement! Le temps est par nature irréversible; chaque événement, chaque parcelle de vécu est à jamais incomparable de toute éternité. N'est-ce pas stimulant plus encore que l'impossible voyage dans le temps?
Savoir que ce que nous vivons là, maintenant, est absolument unique, que jamais dans toute l'histoire de l'univers passé et futur il ne se reproduira, et qu'il en est ainsi pour chaque événement, infinitésimal ou grandiose, n'est-ce pas accéder à la contemplation d'un de ces grands Mystères qui nous habitent?
Ainsi, la multiplicité infinie des comportements, des formes et des structures n’est-elle pas confrontée, par le temps, à leur exclusivité absolue? 
Quand on demandait à saint Augustin ce que pouvait bien être le temps, il répondait « si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus » et Bergson disait, si ma mémoire est bonne, «chaque fois que je le mesure, je le manque. Chaque fois qu'on mesure le temps on manque sa nature. Alors, méfions-nous, si en mesurant le temps, sa nature nous échappe, ne pourrait-on pas dire que c'est le temps qui nous mesure ?
En parcourant le temps, l’espace s’est démasqué en offrant à ma conscience des parcelles de Réalité.
Quand Parsifal demande à Gurnemanz qui est le Graal, celui-ci répond « Le temps, ici, devient espace ».
Wagner avait compris que nous devions être notre propre guide. Le temps se transformant en espace a révélé l’œuvre alchimique : en travaillant la matière, l’acide sur le cuivre, le pigment et son onguent sur le lin, la simple craie sur le papier, c’est notre esprit qui se transforme. Les gravures, les dessins, les peintures sont réalisés en parcourant le temps devenu espace et deviennent des traces laissées dans la matière par la confrontation de ma conscience avec la Réalité. Les traces laissées par ce travail, alchimique - puisque modification de notre esprit par transmutation de la matière - mais ordinaire, prend la forme pour d’aucuns d’œuvres d’art et pour moi de simples notes de bas de pages.

lutin
beinArt Surreal Art Collective
http://beinart.org/